Les systèmes d’adduction d’eau
La commune de Breil-sur-Roya, qui s’étale sur plus de 1 500 m de dénivelé est étagée entre la zone de l’olivier, aride l’été, et un formidable « château d’eau » sous ses cimes enneigées l’hiver et les vertes campagnes d’altitude.
Depuis des siècles un remarquable travail d’adduction de l’eau des hauts vallons et des sources vers les zones cultivées a été réalisé, les eaux des rivières a été canalisée vers les moulins, et enfin celles des principales sources ont été captées pour alimenter les maisons du village à la fin du XIXe siècle.
La mise en place de ces canaux a nécessité localement le franchissement de parois verticales plus ou moins hautes, éprouvant l’ingéniosité des maçons descendus à bout de cordes ou montés sur des échafaudages pour créer les voutes et murets soutenant les formes de goulottes le long des falaises plus ou moins hautes.
Canaux des moulins
L’alimentation des moulins situés dans le village ou à proximité, se faisait à partir d’un captage au fil de la Roya ou de la Lavina. Les canaux d’environ un mètre de large furent d’abord à l’air libre, puis l’urbanisation progressant, ils furent peu à peu enterrés sous des voûtes maçonnées. Ils sont désormais à l’abandon et localement effondrés, mais certains tronçons de ces galeries sont encore accessibles (fermés au public).
Canal de la porte de Gènes
Le passant qui lève les yeux pour admirer les strates du Crétacé dans la falaise qui domine la porte de Gènes y découvre, à 20-30 m de haut, une ligne maçonnée accrochée dans la paroi rocheuse. Il s’agit d’un canal d’adduction d’eau vers les jardins des "Crotté". Cet ouvrage longe l’à-pic en conservant une pente d’écoulement régulière. Ce n’est pas le seul canal de la commune ayant un tronçon « périlleux » ou maçonné dans une paroi verticale, mais son exposition permet d’admirer l’audacieux ouvrage réalisé, en s’éloignant un peu de la porte de Gènes.
Pont siphon
Au sud de Piène-Haute, hameau italien jusqu’en 1947, se trouvent les vestiges d’un très intéressant « pont siphon » à 4 arches, de 22 m de long et moins d’un mètre de large. Cette conduite forcée permettait à l’eau d’un canal de franchir la zone basse d'un vallon. Ce canal aurait alimenté le village d’Olivetta au XIXe siècle, voire dès le XVIIIe.
En amont du vallon à franchir se trouvait un premier réservoir, dit de chasse, alimenté par le canal. Ce réservoir permettait de réguler le débit envoyé dans la conduite fermée, en éléments de terre cuite emboités. Le siphon comprenait le rampant descendant, le pont en travers de la zone basse, et le rampant ascendant vers le second réservoir, dit de fuite, qui réceptionnait l’eau avant qu’elle poursuive son chemin dans le canal à l’air libre. Le réservoir de fuite avait une altitude plus basse que le réservoir de chasse.