Le village historique
Implantation sur une berge étroite entre falaise et rivière
Le site du village de Breil-sur-Roya, dans un méandre de la Roya, semble avoir été occupé pour ses qualités défensives dès le moyen-âge. Un château dominait alors les maisons qui se regroupaient autour d’étroites ruelles concentriques à l’avant de la longue arête rocheuse.
Puis le village s’est étendu en longueur vers le nord, entre la Roya et la falaise, suivant deux rues, « Supérieure » (rue Pasteur) et « Inférieure » (rue de Turin). Ces rues étaient reliées entre elles, de la rivière à la « Ciapéra » (zone d’extraction de roches sous la falaise), par des passages appelés « couréous ». La rue Inférieure, un peu plus large, était la voie de circulation principale entre les portes du village.
La modernisation de la fin du XIXe siècle
Ces rues et ruelles étroites ont été créées avant le XVIIe siècle, alors que les bâtiments étaient moins hauts et que seules des mules bâtées y circulaient avec les piétons. A l’arrivée des premières voitures, il a fallu détruire ou modifier quelques maisons de la rue "Inférieure" pour l’élargir. Puis, vers 1890, la route actuelle a été créée entre le village et le lit de la Roya. Les places Brancion et Biancheri, initialement en pente vers les murailles de protection longeant la rivière, ont alors été réaménagées par remblaiement à l’arrière des nouveaux murs de soutènement créés pour la route, plus hauts. L'eau courante et les égoûts ont été installés.
Breil, carrefour entre le Comté de Nice, la Ligurie et le Piémont
Ce n’est qu’en 1860 que la commune de Breil-sur Roya, qui faisait partie du Comté de Nice (Duché de Savoie - Piémont), a été rattachée à la France. Les hameaux de Libre et Piène, ligures, puis italiens lors de l’unification, sont finalement devenus français en 1947. Ils ont alors été rattachés à la commune de Breil.
L’architecture civile du village est très marquée par les traditions méditerranéennes. L’architecture religieuse, elle, a été entièrement reconstruite pendant la contre-réforme, alors que Breil faisait partie du Duché de Savoie, sur la route de Nice à Turin. L'église et les chapelles présentent des caractéristiques baroques piémontaises et ont intégré des décors d’artistes ligures au XIXe siècle.
Une occupation des sols hiérarchisée et adaptée à la vie rurale et au négoce
Dans les ruelles les plus resserrées de la partie médiévale du village et dans la rue « Supérieure » on peut observer des maisons très étroites qui rappellent le peu de moyens des familles de paysans qui y avaient domicile.
Le long de la rue Pasteur et des places, on remarque de plus vastes maisons ayant appartenu à des familles aisées, ou ayant hébergé des activités publiques comme la Ca de Breil (ancienne école), l’immeuble du presbytère (ancienne mairie), l’ancienne caserne Vaubécourt, l’ancien hôpital et l’ancienne gendarmerie (aujourd’hui réaffectés en logements).
Les caves au niveau des rues des maisons populaires étaient aménagées pour accueillir des animaux domestiques des paysans ou les marchandises à vendre des commerçants. On y trouve encore des mangeoires. Les caves souterraines, à température « constante » contenaient de vastes bacs pour les réserves d’huile et de vin. Un ou deux niveaux d’habitation desservis par un escalier raide, étaient couverts d’un comble ventilé qui servait de resserre pour d’autres types de produits.
A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, la population a fortement augmenté. Certaines parcelles ont été réunies et la plupart des maisons ont été surélevées. Des immeubles à plusieurs logements ont été constitués autour d’un escalier commun. L’eau courante et le tout à l’égout sont alors arrivés, mais le confort restait encore rudimentaire.
Une situation actuelle entre renouveau et problèmes localisés
Bien que certaines maisons soient actuellement abandonnées, souvent pour succession inconnue, au fil des rénovations les logements ont accédé au confort et les façades du village affichent les couleurs vives traditionnelles de notre région méditerranéenne, dans la tradition du Comté de Nice.
Certains bâtiments de la très belle place Brancion (place de l’église) des XVIIe-XVIIIe siècles souffrent actuellement de tassements de sol locaux, en cours d’étude. Des étaiements ont dû être mis en place en attendant des solutions appropriées à la réalité de la situation.
La chapelle de la Miséricorde qui a souffert de ces tassements est désormais stabilisée. L’ASPB a été créée pour sensibiliser les autorités à la nécessité de sauver l’ensemble des constructions riveraines concernées.